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MONTRÉAL – Lucas Beckman a compris que le Drakkar de Baie-Comeau avait de grands plans pour lui avant même le début de la saison.

À la fin du mois d’août, le gardien a vu son entraîneur et directeur général Jean-François Grégoire envoyer son homologue Charles-Edward Gravel, un vétéran de 20 ans, sous d’autres cieux. C’est là qu’il a réalisé qu’il allait obtenir les responsabilités d’un numéro un.

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« Je ne m’attendais pas à ça, ç’a vraiment été une surprise », se souvient-il.

À 17 ans, et avec seulement neuf matchs de saison régulière derrière la cravate, Beckman devenait ainsi l’homme de confiance du Drakkar – une équipe qui avait atteint la finale l’année précédente et qui compte toujours sur un noyau compétitif. À son année d’admissibilité au repêchage, en plus.

Une décision qui peut paraître audacieuse en apparence, mais qui avait été longuement réfléchie. Il faut dire que dans les neuf matchs qu’il a disputés après son rappel en deuxième moitié de saison, l’an dernier, il avait maintenu une moyenne de buts alloués de 1,32 et un taux d’efficacité de ,938.

« Il a fait le travail, et c’est là qu’on a vu qu’il était prêt, a justifié Grégoire. C’était une grosse décision, mais on ne pouvait pas laisser Lucas jouer un match sur cinq comme adjoint, cette année. Il était prêt pour autre chose. On voulait le préparer pour le futur et on sentait qu’il pouvait répondre aux attentes. »

Grégoire et son équipe auraient pu se tromper, c’est vrai. Mais Beckman leur a donné raison.

En 47 matchs – le deuxième plus haut total dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) et son sommet en carrière – le portier de 6 pieds 2 pouces et 194 livres a signé 28 victoires. Il affiche une moyenne de 2,68 ainsi qu’une efficacité de ,912.

« C’est vraiment difficile, mentalement surtout », a-t-il admis au sujet de sa charge de travail. « J’ai un entraîneur mental depuis que je suis jeune et je suis préparé pour ça. Je suis capable de faire de la visualisation, de garder mon calme dans les matchs, peu importe ce qui se produit.

« C’est beaucoup de pression mentale. Comme gardien, si tu perds, c’est ta faute. Si tu gagnes, ce n’est pas grâce à toi. Il faut avoir la mémoire courte, et c’est vraiment un talent qui se développe. »

C’est notamment grâce à cette maturité et à ses prestations devant la cage du Drakkar que son nom apparait désormais au troisième rang sur la liste de mi-saison des gardiens nord-américains du Bureau central de dépistage de la LNH. Le jeune homme peut donc aspirer à une sélection parmi les trois premiers tours.

Bernier Beckman

Ce n’est quand même pas rien pour un espoir qui soufflera ses 18 bougies seulement à la fin du mois d’août.

« Je suis vraiment impressionné par sa façon de se comporter », a indiqué son coéquipier Alexis Bernier, un espoir du Kraken de Seattle. « Ce qui saute aux yeux, c’est la confiance qu’il dégage. Pour un défenseur, c’est plaisant parce que tu sais exactement à quoi t’attendre quand il est devant le but.

« C’est rare pour un gars de 17 ans d’être un partant dans cette Ligue. Il représente un bel espoir. Il commence à recevoir la reconnaissance qu’il mérite et je suis sûr qu’il peut être réclamé assez tôt. »

La sainte paix

La clé de ses succès selon Grégoire? Le fait qu’il gère cette année comme s’il s’agissait d’une saison normale, sans les habituelles distractions liées à l’année de repêchage.

« C’est un des jeunes que j’ai vus dans les dernières années qui est vraiment à l’opposé de ce qu’on voit habituellement chez les espoirs, a amorcé le pilote. Il ne semble pas avoir de pression extérieure. Son entourage lui sacre la paix. Il ne joue pas trois matchs en un : avant, pendant et après.

« Ça devient l’une de ses forces, avec sa personnalité. Ça lui permet de passer d’un match à l’autre sans rester accroché aux bonnes ou aux mauvaises performances. »

Il faut dire que les projecteurs se sont tournés vers lui seulement en cours de saison.

Beckman était identifié comme un potentiel choix de quatrième ou de cinquième ronde avant le début du calendrier. Disons que ses prestations ont un peu modifié le discours à son sujet. La réalité n’est plus la même, mais son approche n’a pas changé.

« Je suis capable de me détacher, a-t-il assuré. J’adore le hockey et je suis là pour avoir du fun. Je fais ce que je peux. Je fais du mieux que je peux en me disant que quelqu’un va me donner ma chance. Et quand je l’aurai, je vais la saisir. »